OWNImusic présente Olivier Samouillan et Don Guido

Le 21 septembre 2010

Nous vous proposons de découvrir l'univers d'Olivier Samouillan et de Don Guido, dont la collaboration aux accents balkaniques s'avère passionnante et chargée de symboles, particulièrement dans le contexte actuel.

Cette semaine, nous vous présentons “Some Kind of butterfly”. Cette œuvre est née de la rencontre de deux êtres aux parcours exceptionnels. Don Guido, le Tom Waits de Sarajevo et Olivier Samoullian, un artiste engagé aux multiples talents ayant compris depuis longtemps déjà la puissance du web. Le texte de la chanson est emprunté à Teona Mitevska, une réalisatrice macédonienne de renommée internationale, amie proche des deux compagnons. Et c’est comme toujours à prix libre et en Creative Commons.

Si vous êtes allé à Sarajevo, vous aurez probablement rencontré ou aperçu Don Guido, a.k.a Vlado Kajevic, chantant en hurlant, jouant son blues sur sa guitare dans les clubs de la ville.
Entre 1992 et 1996, Sarajevo, et le pays entier, sont pris d’assaut par une guerre. Don Guido, se bat pour défendre sa ville natale et sa famille tout en continuant à jouer dans les clubs undergrounds entre deux combats.

Durant cette guerre, Bill Carter, réalisateur du documentaire Miss Sarajevo et auteur du livre Fools Rush In dans lesquels Don Guido est le personnage principal. Bill Carter et Bono, leader du groupe U2, se sont beaucoup investis pour défendre les assiégés de Sarajevo et informer le monde de l’injustice de ce massacre.

Il rencontre à cette période Malcom Burn, un musicien producteur canadien, qui passait à Sarajevo juste après la guerre avec lequel il enregistre Don Guido’s Blues.

Il rencontre les Project Zlust avec Olivier Samouillan en Macédoine, en 2003. Ils enregistrent aux Chicken Madness Arts Studios à Skopje l’album intitulé The Bosnian Blues Album -  From Sarajevo with Love. L’album est produit par Malcom Burn à Kingston, New York en mai 2005.

“Save me (save yourself) and sleep like a baby at night!” (Don Guido)

Lire le texte complet en anglais (format PDF)

Qu’est qui vous a séduit chez Don GUIDO jusqu’à aboutir à une collaboration artistique ?

J’ai rencontré Don Guido en Macédoine pendant l’été 2002. Le pays sortait à peine d’une période de violences inter-ethniques. Ces périodes sont paradoxalement des moments où la vie semble devenir plus intense, où l’envie de bâtir prend le dessus sur  l’angoisse.

Je vivais en Macédoine, répétais à l’orchestre philharmonique tous les matins et passais le reste du temps  à enregistrer en studio. Le groupe était constitué de Macédoniens, de Tziganes, Bosniaques, Serbes… la diversité multi-ethnique des Balkans.

Don Guido venait nous voir de temps à autre et nous emmenait jouer à Sarajevo où il vivait. Le timbre si particulier de Don Guido et le parfum de Sarajevo m’ont inspiré la mélodie. Quant aux paroles, Teona Mitevska, réalisatrice de cinéma macédonienne avec qui je travaille passionnément, m’a fait lire un texte d’elle que j’aime beaucoup, A kind of Butterfly.

Nous préparons actuellement avec Don Guido un album de chansons d’amour décadentes.

Faites-vous un usage différencié des différentes plateformes à disposition (Myspace, Facebook, Soundcloud etc…) et considérez-vous que cela fait partie de votre travail en tant qu’artiste ?

J’ai suivi le même chemin que beaucoup de musiciens. Ma découverte des réseaux sociaux a commencé avec Myspace, j’avais la sensation de découvrir un outil fantastique. Je m’inscrivais sur d’autres sites de réseaux plus spécialisés, streaming , vente en ligne etc. Facebook est arrivé, j’ai peu à peu laissé Myspace somnoler.

Aujourd’hui j’ai pris beaucoup de recul. Cette activité est très chronophage pour les musiciens qui se retrouvent plus occupés à se construire une présence sur la toile qu’à composer, pratiquer leurs instruments, produire… Je me dis que le meilleur buzz, c’est la qualité. Celle qui demande du temps, de la concentration, de l’isolement et du talent.

Je me dis aussi que l’édition, le journalisme, le marketing, l’organisation de tournées etc. sont des métiers à part entière et qu’il est difficile d’assumer tout cela pour un musicien. D’autant plus que les écoles de musiques et les conservatoires en France, contrairement aux États-Unis,  ne préparent pas les futurs professionnels à maîtriser les outils dont ils auront besoin pour gérer leur carrière.

Je travaille également pour un éditeur, Frédéric Leibovitz et son label Cezame. Il occupe une place importante dans l’édition musicale et a su à plusieurs reprises proposer des solutions innovantes face à l’évolution de l’industrie musicale. Une personne dont j’apprécie l’écoute et les conseils.

Parlez-nous des activités que vous menez en parallèle de votre carrière de musicien.

En 2004 j’ai créé une société avec un ami, Publicmusic, qui a connu ses moments de gloire. Nous proposions un catalogue de musiques “libres de droit” spécialisé dans la musique “illustrative”. Nous avions comme clients des maisons de productions TV, radio, jeux vidéo, agences web etc. le catalogue était alimenté par une vingtaine de compositeurs.

L’idée de générer un modèle économique en marge de la SACEM était assez excitante, il y avait de la demande. Seulement, la réalité est que les revenus générés par la gestion des droits d’auteurs et la protection de nos musiques sur le marché étaient plus rentables en passant par la SACEM.

Ceci dit l’aventure de Publicmusic a été très enrichissante à plusieurs niveaux. Je travaille à l’élaboration d’une plate-forme musicale en ligne qui donnerait plus de liberté  aux compositeurs : définir les modalités de leurs licences, la valeur de leurs œuvres tout en choisissant le mode de gestion de leurs droits. L’ambition de ce projet est de construire une passerelle entre les compositeurs et le milieu audiovisuel.

Je me réjouis qu’Ownimusic ait pour vocation, entre autres, d’être un think tank et une plateforme expérimentale de nouveaux modèles économique autour de l’industrie de la musique.

Crédits photos : 2010 Vuk Mitevski & Loguy
En marge des nuits blanches, la galerie Hus propose la nuit du 2 octobre , de 21 h à 2 h, un temps de résistance aux gestes d’expulsion. Projections, performances et prises de parole. Avec Olivier Samouillan au violon, accompagné de ses amis Roms de Macédoine .
Programme détaillé sur www.husgallery.com le 2 octobre.
Galerie Hus (accrochage en cours de Guillaume Lebelle)
4 rue Aristide Bruant
75018 Paris
Tel : 0140180370
Contact Tristan Cormier : 0607787231 ; tristan.cormier@wanadoo.fr

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